Les crises financières ont jalonné l’histoire économique mondiale, chacune révélant des vulnérabilités systémiques et des dynamiques complexes au sein des marchés. De la tulipomanie du XVIIe siècle à la crise financière mondiale de 2008, ces événements tumultueux offrent des leçons précieuses sur l’interaction entre la psychologie des investisseurs, les politiques économiques, et les mécanismes de marché. Comprendre ces crises dans leur contexte historique permet non seulement de saisir les causes et les conséquences de ces débâcles financières, mais aussi d’identifier des stratégies potentielles pour prévenir ou atténuer les effets des crises futures. Cet article vise à explorer les racines et les répercussions des crises financières marquantes, illuminant les motifs récurrents et les enseignements tirés à travers les âges.
La création d’une bulle
Qu’est-ce qu’une bulle financière ?
Comprendre les bulles financières : formation, euphorie et éclatement
Une bulle financière se manifeste lorsqu’il existe un décalage considérable entre la valeur de marché des titres financiers et leur valeur intrinsèque, basée sur les performances réelles des entreprises cotées. Cette divergence est souvent le symptôme d’une spéculation excessive, où les prix des actifs financiers s’envolent bien au-delà de leur justification économique.
Mécanisme de formation d’une bulle
Le processus débute généralement dans un secteur économique en pleine expansion, promettant d’importantes marges de profit. Attirés par ces perspectives alléchantes, les investisseurs commencent à acheter massivement des actions, propulsant les cours à la hausse. Cette ascension est initialement ancrée dans une réalité économique positive, mais l’optimisme démesuré des investisseurs conduit souvent à une croissance des prix des titres plus rapide que celle des fondamentaux de l’entreprise, tels que le chiffre d’affaires et les bénéfices.
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L’Euphorie et l’engouement médiatique
La situation attire l’attention des médias, amplifiant l’enthousiasme autour du secteur concerné. De nouveaux investisseurs, parfois mal informés sur la surévaluation réelle des cours ou délibérément désireux de spéculer sur cette tendance ascendante, se lancent dans la mêlée, propulsant les prix à des niveaux stratosphériques.
L’Amorce de la panique et l’éclatement
L’inévitable réalisation que les prix ne peuvent plus être justifiés par les performances réelles des entreprises incite certains investisseurs à vendre, anticipant une saturation du potentiel de croissance. Cette décision déclenche une première vague de baisse des cours, semant le doute parmi les détenteurs d’actions. La peur de pertes substantielles se propage, et une vente massive s’ensuit, accélérant la chute des cours et menant à l’éclatement de la bulle. Finalement, les prix des actions se réajustent, amorçant un « retour à la normale » et la correction des excès spéculatifs.
Nous allons étudier dans le détail tout le mécanisme qui mène à cette situation.
Déconnexion progressive entre les cours et la réalité économique
Incapacité de l’économie à suivre l’emballement des marchés
Dans le monde de l’économie et de la finance, la capacité d’anticipation est un élément clé qui façonne le comportement des marchés. Cette prévoyance explique pourquoi le cours d’une action d’une entreprise, dont les difficultés financières ont été anticipées par les marchés, ne s’effondre pas nécessairement au moment de l’annonce de résultats décevants. En effet, les investisseurs, ayant prédit ces complications, ont déjà ajusté le prix de l’action en conséquence.
Anticipation et formation des bulles financières
L’optimisme lié aux perspectives économiques favorables peut engendrer des anticipations de profits attrayants pour les investisseurs, jetant ainsi les bases d’une bulle financière. Cependant, un décalage peut émerger lorsque les performances réelles des entreprises ne répondent pas de manière soutenue aux attentes élevées placées en elles par les marchés financiers. Cette surévaluation des cours boursiers, disproportionnée par rapport aux réels potentiels de profit, marque souvent le début d’une instabilité financière.
Un exemple historique marquant de ce phénomène est la crise de 1929, où l’exubérance irrationnelle et les prévisions excessivement optimistes n’ont pas été soutenues par la croissance économique réelle, conduisant à l’une des plus grandes catastrophes financières du XXe siècle.
On peut remarquer sur ce graphique que les cours de l’indice Dow Jones suivent globalement la tendance de la production industrielle jusqu’en 1925. Mais, on observe clairement qu’à partir de cette date, la production industrielle se met à stagner alors que les cours de bourse augmentent très rapidement. Si l’on considère que les profits des entreprises suivent globalement la tendance économique nationale, ce qui était le cas à l’époque, on peut alors observer une claire surévaluation des titres fin 1929, à la veille du fameux krach boursier.
D’un point de vue économique, les entreprises n’ont pas réussi à augmenter voire même à écouler leur production puisque des stocks importants se créent dès 1925. Le fait que la croissance des cours de bourse précède la croissance de la production n’est pas inquiétant en soi car tous les marchés anticipent. Mais dans les années 1920, la croissance de la production a priori anticipée par les marchés ne s’est jamais produit, ce qui a créé la bulle financière. Durant toute la période des années 1920, la production industrielle américaine a progressé de 50% quand les cours de bourse progressaient sur la même période de 300% !
Un excès d’optimisme et des comportements qui deviennent “mimétiques” et émotionnels
Les plus graves crises financières sont pratiquement tout le temps précédées de périodes de très fortes hausses des marchés qui rendent les actifs surévalués. Cela est notamment dû aux comportements spéculatifs et mimétiques de certains investisseurs. Certains spéculateurs ne s’intéressent plus aux fondamentaux des entreprises dans lesquelles ils investissent mais spéculent uniquement car ils voient les prix des actions augmenter et qu’ils anticipent le fait que cette hausse va continuer. L’émotionnel prend le pas sur l’analyse !
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C’est notamment ce qui s’est passé lors de la bulle internet.
Vers la fin des années 1990, le développement d’internet offrait de nouvelles perspectives en termes de croissance et de profits pour de nombreuses sociétés cotées au Nasdaq. C’est ce que montre l’envolée des cours entre 1997 et 2000. Les médias se sont alors emparés de cette frénésie et ont commencé à inciter directement et indirectement les épargnants à placer leur argent dans ces nouvelles sociétés.
On retrouve alors là une caractéristique importante des bulles qui est la frénésie médiatique et populaire qui l’entoure. Lorsque tout le monde se met à parler d’une action ou de quelques valeurs en particulier, c’est que l’emballement prend le pas sur le rationnel et qu’il est généralement le moment de vendre ! D’ailleurs, dans le cas de la bulle internet, on observe que la chute des cours correspond tout simplement à un retour au niveau des cours qui précédaient la bulle.
Le déclenchement de la crise
Un événement difficile à anticiper
Comme nous venons de le voir, les créations de bulles financières ont des caractéristiques communes. Cependant, s’il est possible de se rendre compte de la création d’une bulle spéculative, très peu de signes permettent dans la pratique de prédire le moment de son éclatement.
Le moment du krach
Des marchés financiers qui souvent sur-réagissent
Lors d’un krach, le mouvement des marchés financiers fonctionne un peu comme un ressort ! Un ressort étiré que l’on lâche va d’abord passer par de nombreuses phases d’oscillement, avant de retrouver sa position initiale. Dans un premier temps, les cours vont chuter plus qu’ils ne le devraient si les acteurs étaient parfaitement rationnels, avant de revenir finalement à une position considérée comme “normale”. On parle de “retour à la moyenne”.
D’ailleurs, lors d’un krach, les cours retrouvent le plus souvent assez vite leurs niveaux d’avant-crise.
Ce graphique nous montre l’évolution historique des cours de l’indice Dow Jones. On peut remarquer que lors de la grande majorité des crises financières, l’indice Dow Jones a mis moins de 3 ans à retrouver ses plus hauts niveaux d’avant-crise. Les pertes des épargnants ont donc finalement été comblées relativement vite ! A ce titre, 1929 et 2008 font figure d’exception car le Dow Jones a mis respectivement 25 ans et 7 ans à retrouver ses niveaux d’avant-crise…
Des Krachs à la gravité variable
Ce graphique montre l’ampleur des différentes phases de hausse et de baisse de l’indice S&P 500 depuis 1945. On remarque que les krachs ont des ampleurs extrêmement variables et qu’il n’existe pas de tendance significative concernant cette ampleur. La gravité des crises est relativement aléatoire et les crises financières récentes ne sont ni plus graves ni moins graves que par le passé.
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Les conséquences des crises financières
La chute des cours entraîne des difficultés de financement à court et moyen terme pour les entreprises
Tout d’abord, lors des crises financières, les moyens de financement direct des entreprises sont partiellement coupés.
Une entreprise qui ne veut ou ne peut pas mobiliser ses fonds propres a en effet deux grands moyens directs à sa disposition pour financer ses projets d’investissement à savoir l’émission obligataire et le financement par émissions d’actions.
Lors d’une crise financière, la crise de confiance des investisseurs vis-à-vis des entreprises qui ont vu leurs cours de bourse chuter fait que les émissions obligataires sont plus compliquées et les taux d’intérêt ont tendance à augmenter. Cette situation aggrave les difficultés financières des entreprises.
Enfin, le cours des actions ayant chuté, le financement direct par émission d’actions rapporte moins et est également plus difficile. Pour un même nombre d’actions émises sur le marché, l’entreprise en question lèvera beaucoup moins de fonds…
Le financement indirect, via les prêts bancaires, est également plus compliqué. Les banques doutant des capacités financières des entreprises leur prêtent beaucoup moins en durcissant leurs conditions d’obtention de crédit, ce qui a souvent pour effet d’aggraver leur situation financière et rend les banques encore plus réticentes à leur prêter…
Des chutes de cours qui créent des moins-values latentes pour les épargnants
La chute des cours de bourse entraîne des pertes en capital pour les épargnants ainsi qu’un manque à gagner dû à la réduction du montant des dividendes versés à court terme. Mais il ne faut jamais perdre de vue qu’en bourse comme ailleurs, on n’a en réalité rien perdu tant que l’on n’a pas vendu ses actions !
Or, comme nous l’avons vu précédemment, les cours de bourse suite à une crise se relèvent souvent assez rapidement. Les pertes (virtuelles !) des épargnants ne durent donc qu’un temps et sont souvent assez rapidement comblées à moyen terme. Lors des crises financières, la meilleure chose à faire est donc de ne pas paniquer et de ne rien faire.
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L’ESSENTIEL
- Les crises financières suivent des mécanismes communs
- Ces mécanismes peuvent s’expliquer à la fois par le cycle économique et les comportements des investisseurs
- Ces crises financières ont des conséquences négatives à court terme pour les épargnants et les entreprises
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