Dans le paysage économique actuel, comprendre la réalité du patrimoine et des revenus moyens des Français est devenu un enjeu crucial. Cet article vise à éclairer ces aspects fondamentaux, en offrant une analyse approfondie des tendances actuelles et de l’évolution du niveau de vie en France. Alors que le contexte économique fluctue, il est essentiel de saisir comment ces changements affectent le quotidien des citoyens et leur capacité à gérer, accroître et préserver leur patrimoine. Nous plongerons dans les données récentes, les comparaisons régionales et les perspectives d’avenir pour fournir une vue complète et actualisée de la situation financière moyenne des ménages français.
Depuis 1998, l’évolution du patrimoine et des revenus en France a suivi une trajectoire intéressante, reflétant des dynamiques économiques et sociales complexes. Entre 1998 et 2015, le patrimoine brut médian des Français a connu une croissance impressionnante, doublant de 79 000 euros à 158 000 euros.
Cette augmentation signifie que si un individu possède plus de 158 000 euros d’actifs, sans comptabiliser les dettes, il se situe dans la moitié supérieure de la richesse en France. Toutefois, cette croissance n’a pas été uniformément répartie parmi la population. Les 20% les plus pauvres ont, en effet, vu leur patrimoine brut moyen diminuer sur la même période, mettant en lumière un écart croissant de richesse.
En termes de revenus, le niveau de vie médian en métropole était de 20 300 euros annuels en 2015, soit environ 1 692 euros par mois. Cette donnée, toutefois, ne capture pas pleinement les variations et les disparités qui peuvent exister au sein des différentes régions et catégories socio-professionnelles en France.
De plus, depuis 2015, il est probable que ces chiffres aient évolué, influencés par des facteurs tels que les changements économiques mondiaux, les politiques fiscales, et les tendances du marché du travail. Pour une compréhension plus actuelle et approfondie, une analyse des données les plus récentes disponibles est essentielle, afin d’appréhender les tendances actuelles du patrimoine et des revenus des Français dans un contexte économique en constante évolution.
Que compte-t-on dans le patrimoine ?
Le patrimoine, constituant l’ensemble des actifs d’une personne ou d’une entité, inclut les biens mobiliers, immobiliers, financiers, et autres actifs évalués au prix du marché. En 2023, la définition et la composition du patrimoine restent globalement similaires, mais avec quelques nuances modernes à considérer.
Le patrimoine brut comprend toujours les éléments suivants :
- Biens immobiliers (maisons, appartements, terrains).
- Parts dans des entreprises ou propriétés professionnelles.
- Placements financiers, y compris des produits d’épargne modernes comme les assurances-vie, les PEA, et les comptes-titres.
- Biens meubles corporels comme les véhicules, les objets d’art, et le mobilier.
- Droits de propriété intellectuelle, qui ont pris une importance accrue à l’ère numérique, incluant brevets, droits d’auteur, et marques.
Le passif, déduit pour obtenir le patrimoine net, peut inclure :
- Emprunts bancaires, dont les types et conditions peuvent varier avec les évolutions du marché financier.
- Dettes fiscales et sociales, qui peuvent être affectées par les changements législatifs et politiques.
- Dettes personnelles, comme les prêts entre particuliers.
En 2023, le patrimoine médian brut en France s’élève à 177 200 euros, reflétant la valeur totale de ces actifs avant déduction des passifs. Cette mesure met en lumière les tendances économiques actuelles, les politiques fiscales, et le climat d’investissement, tout en soulignant les disparités de richesse existantes.
Pourquoi s’intéresser au patrimoine et à son évolution ?
La compréhension du patrimoine des Français révèle bien plus que de simples chiffres financiers. Elle offre un aperçu des structures sociales et économiques du pays à un moment donné, tout en mettant en lumière les disparités de richesse. L’analyse de l’évolution du patrimoine permet de discerner les tendances de concentration de la richesse et l’intensification des inégalités, des aspects cruciaux pour comprendre l’évolution du marché immobilier et la valorisation des actifs financiers.
De plus, la combinaison des structures patrimoniales avec des analyses sociologiques et historiques offre des perspectives uniques sur les tensions sociales potentielles. Thomas Piketty, dans son œuvre « Le capital au 21e siècle », illustre avec précision ces dynamiques, reliant l’évolution du patrimoine à des événements majeurs tels que les révolutions, les guerres et les crises sociales. Son analyse fournit un cadre pour comprendre comment l’histoire, l’économie et la politique s’entrecroisent et façonnent les inégalités de richesse au fil du temps.
Le rôle du revenu dans le patrimoine
Les revenus ne sont pas pris en compte dans le calcul du patrimoine puisqu’il s’agit d’un flux financier dont tout ou partie assouvira des besoins de consommation (alimentation, chauffage, logement…). De fait, une partie du revenu ne s’intègre pas au patrimoine parce qu’il est consommé, seul le surplus (la part qui n’a pas été dépensée) vient accroître le patrimoine dans un premier temps sous la forme d’actifs financiers puis, éventuellement, sous la forme d’un actif professionnel ou immobilier.
Dès lors, le niveau de revenu joue un rôle prépondérant dans l’évolution du patrimoine des français puisqu’il va permettre, selon son niveau, de maintenir ou d’accroître l’actif net des individus.
Les revenus sont de toutes natures : ils peuvent être issus du travail (sous la forme d’un salaire notamment) mais aussi, du capital lui-même grâce aux dividendes, revenus fonciers, ect… C’est notamment ce phénomène de capitalisation, à défaut de politique de redistribution, qui conduit à un accroissement des inégalités en faveur des personnes disposant des patrimoines les plus conséquents.
Le patrimoine des français par déciles en 2023
La répartition du patrimoine des Français par déciles en 2021 révèle des disparités significatives entre les différents segments de la population. En utilisant les déciles, qui divisent la population en tranches de 10%, on obtient un aperçu détaillé de la distribution de la richesse.
Dans le premier décile (D1), représentant les 10% des ménages avec le patrimoine le plus faible, le patrimoine brut s’élevait à 4 400 euros, avec un patrimoine net de 3 000 euros. À l’opposé, dans le 99ème centile (C99), qui englobe les 1% des ménages les plus riches, le patrimoine brut atteignait 2 239 200 euros, avec un patrimoine net de 2 072 600 euros.
Cette différence marquée entre les déciles inférieurs et supérieurs met en évidence les inégalités de richesse au sein de la société française. Par exemple, le patrimoine brut dans le quatrième décile (D4) était de 106 200 euros, avec un patrimoine net de 67 100 euros, ce qui est nettement inférieur aux chiffres du neuvième décile (D9), où le patrimoine brut était de 716 300 euros et le net de 633 200 euros.
Ces données illustrent non seulement l’écart entre les riches et les pauvres mais aussi la concentration de la richesse dans les tranches supérieures de la population. Elles soulignent l’importance d’une analyse détaillée du patrimoine pour comprendre les structures économiques et les inégalités sociales en France
Situation par rapport aux déciles | Patrimoine brut moyen (en euros, 2021) | Patrimoine net moyen (en euros, 2021) |
---|---|---|
< 1ᵉʳ décile | 1 900 | -4 700 |
Entre les 1ᵉʳ et 2ᵉ déciles | 8 300 | 6 400 |
Entre les 2ᵉ et 3ᵉ déciles | 21 500 | 17 300 |
Entre les 3ᵉ et 4ᵉ déciles | 64 300 | 43 900 |
Entre les 4ᵉ et 5ᵉ déciles | 142 100 | 97 400 |
Entre les 5ᵉ et 6ᵉ déciles | 211 500 | 157 100 |
Entre les 6ᵉ et 7ᵉ déciles | 285 900 | 231 500 |
Entre les 7ᵉ et 8ᵉ déciles | 383 300 | 330 500 |
Entre les 8ᵉ et 9ᵉ déciles | 559 800 | 493 700 |
Pour les personnes situées entre les 70% (3e décile) et les 60% (4e décile) des plus riches en France, le patrimoine net médian est désormais de 43 900 euros. Cela signifie que la moitié de cette tranche de population a un patrimoine net inférieur à 43 900 euros, tandis que l’autre moitié possède plus. La médiane de 2021 ne reflète toujours pas les extrêmes du patrimoine dans cette tranche, mais on peut déduire que la valeur se situe entre les médianes des déciles adjacents, c’est-à-dire entre 17 300 euros (2e décile) et 97 400 euros (5e décile).
Ces chiffres soulignent l’importance de considérer d’autres facteurs tels que l’âge pour une analyse plus complète. En effet, la valeur du patrimoine tend à augmenter avec l’âge, reflétant les revenus cumulés et les investissements réalisés au fil des années. Une analyse détaillée tenant compte de l’âge offrirait une perspective plus précise de la distribution du patrimoine en France.
Le patrimoine des français selon leur catégorie d’âge
Patrimoine brut moyen (en euros) | Patrimoine brut médian (en euros) | Patrimoine net moyen (en euros) | Patrimoine net médian (en euros) | |
---|---|---|---|---|
Ensemble | 270 000 | 158 000 | 240 000 | 110 000 |
Moins de 30 ans | 60 000 | 15 000 | 40 000 | 12 000 |
Entre 30 et 39 ans | 190 000 | 135 000 | 120 000 | 55 000 |
Entre 40 à 49 ans | 280 000 | 185 000 | 225 000 | 110 000 |
Entre 50 et 59 ans | 325 000 | 200 000 | 290 000 | 175 000 |
Entre 60 et 69 ans | 350 000 | 220 000 | 340 000 | 210 000 |
Entre 70 ans et plus | 290 000 | 155 000 | 285 000 | 155 000 |
Source : Insee 2015
Plus les personnes sont âgées plus leur patrimoine est important. On constate néanmoins une diminution à partir de 70 ans. Ce phénomène est explicable notamment par les dépenses élevées induites par la dépendance obligeant les individus à liquider une partie de leurs actifs.
Outre l’âge, les catégories socioprofessionnelles révèlent des disparités de patrimoine significatives, en cause notamment les écarts de revenus.
Le patrimoine des français selon leur CSP
Ce tableau permet de mettre en évidence les niveaux moyens et médians de patrimoine en 2015 selon les catégories professionnelles. Dès lors, on constate que ce sont les exploitants agricoles qui disposent du patrimoine le plus volumineux, plutôt logique quand on sait que l’essentiel des revenus tirés de cette activité est issu des terres et machines possédées (on parle de patrimoine professionnel).
Ce phénomène est aussi observable pour les professions libérales qui sont le plus souvent propriétaires de leur entreprise.
Sans surprise, pour les professions dont les revenus sont principalement issus d’une activité salariée, les cadres disposent d’un patrimoine net médian de 204 000 euros contre 16 400 euros pour les ouvriers non qualifiés, les moins bien lotis de cette distribution.
Patrimoine net moyen (en euros) | Patrimoine net médian (en euros) | |
---|---|---|
Agriculteur | 920 200 | 510 500 |
Artisan, commerçant, chef d’entreprise | 491 100 | 218 500 |
Profession libérale | 615 100 | 377 900 |
Cadre | 313 900 | 204 600 |
Profession intermédiaire | 167 800 | 88 600 |
Employé | 98 100 | 24 800 |
Ouvrier qualifié | 100 000 | 42 000 |
Ouvrier non qualifié | 72 400 | 16 400 |
Source : Insee 2015
Quelle est la répartition des actifs selon l’importance des patrimoines ?
Sans surprise, l’immobilier occupe la part la plus importante du patrimoine des français. Au regard du patrimoine brut moyen (269 100 euros) et de la valeur d’une résidence principale, la part de l’immobilier ne peut qu’être prépondérante dans le patrimoine des français pour un pays où le taux de propriétaires atteint les 64%. On constate par ailleurs que les français deviennent majoritairement propriétaires de leur logement à partir du 4e décile (les 60% les plus riches) soit à partir de 128 500 euros de patrimoine brut moyen. La proportion de l’immobilier diminue dans les derniers déciles du fait notamment de l’ampleur des patrimoines professionnels.
Concernant l’endettement, c’est-à-dire la part du passif dans l’actif en pourcentage, le premier décile présente un taux d’endettement de 40% expliqué notamment par un recours au crédit à court terme (crédit à la consommation, découvert bancaire…) conjugué à la faiblesse des revenus. Le taux d’endettement atteint son second pic (21,5%) pour les patrimoines situés entre le 5e et le 6e décile fortement corrélé avec la prépondérance immobilière dans le patrimoine (76,8%), on peut donc supputer un recours important à l’emprunt immobilier.
Proportion du patrimoine immobilier | Proportion du patrimoine financier | Proportion du patrimoine professionnel | Reste | Taux d’endettement | |
---|---|---|---|---|---|
Ensemble | 61% | 20,6% | 10,6% | 7,8% | 12,3% |
En deçà du 1er décile | 0 | 31,9% | 0,1% | 67,9% | 40,7% |
Entre le 1er et le 2e décile | 0,7% | 34,7% | 0,4% | 64,2% | 22,5% |
Entre le 2e et le 3e décile | 3,3% | 43,1% | 1,6% | 52,1% | 12,1% |
Entre le 3e et le 4e décile | 37,8% | 38,2% | 2,6% | 21,4% | 9,4% |
Entre le 4e et le 5e décile | 68,5% | 19,1% | 2,7% | 9,7% | 17,7% |
Entre le 5e et le 6e décile | 76,8% | 12,7% | 2,2% | 8,3% | 21,5% |
Entre le 6e et le 7e décile | 76,8% | 12% | 2,2% | 8,9% | 19,6% |
Entre le 7e et le 8e décile | 74,1% | 14,4% | 3,3% | 8,2% | 15,4% |
Entre le 8e et le 9e décile | 69,5% | 17,2% | 6,1% | 7,1% | 11,3% |
Entre le 9e et le 95e centile | 66% | 19,4% | 8,8% | 5,8% | 11,5% |
Entre le 95e et le 99e centile | 59,3% | 20,5% | 15,3% | 4,9% | 9,5% |
Au delà du 99e centile | 28,6% | 35% | 30,2% | 6,2% | 5,2% |
Source : Insee 2015
Le revenu moyen des français en 2015
Après s’être intéressé au patrimoine, il convient de s’intéresser aux flux qui viennent nourrir ce patrimoine : les revenus.
En France, le revenu moyen en 2015 se situait à 23 440 par individu soit le revenu total des ménages rapporté par le nombre d’unités de consommation (enfants, conjoint). La prise en compte des unités de consommation permet de rendre mieux compte du pouvoir d’achat des individus et faciliter les comparaisons en supprimant les effets des structures familiales.
Revenu annuel moyen des individus (en euros) | Revenu annuel moyen disponible du ménage (en euros) | Patrimoine brut moyen (en euros) | Part du revenu disponible du ménage dans le capital | |
---|---|---|---|---|
En deçà du 1er décile | 8 280 | 12 690 | 2 000 | 634% |
Entre le 1er et le 2e décile | 12 350 | 18 940 | 7 800 | 242% |
Entre le 2e et le 3e décile | 14 840 | 22 330 | 21 700 | 102% |
Entre le 3e et le 4e décile | 17 070 | 25 500 | 61 300 | 41% |
Entre le 4e et le 5e décile | 19 220 | 29 250 | 128 500 | 22% |
Entre le 5e et le 6e décile | 21 420 | 33 350 | 186 500 | 17% |
Entre le 6e et le 7e décile | 23 970 | 37 460 | 245 100 | 15% |
Entre le 7e et le 8e décile | 27 490 | 42 760 | 319 100 | 13% |
Entre le 8e et le 9e décile | 33 130 | 51 700 | 463 800 | 11% |
Entre le 9 et et le 95e centile | 41 440 | 64 650 | N/A | N/A |
Supérieur au 95e centile | 71 840 | 111 480 | N/A | N/A |
Ensemble | 23 440 | 36 300 | 269 100 | 13% |
Source : Insee 2015
En toute logique, plus le revenu disponible augmente plus le patrimoine est important.
Par ailleurs, on constate que la part du revenu dans le capital diminue à mesure que le revenu augmente. Ce phénomène s’explique aisément par la part du revenu qui est consommée notamment du fait de la proportion décroissante des dépenses contraintes à mesure que le revenu croît. Plus le revenu est élevé, plus la propension à l’épargne est forte et donc, corrélativement, le patrimoine élevé.
Remarque : la comparaison n’est pas parfaite dans la mesure où l’unité de référence pour calculer les déciles du patrimoine et les déciles du revenu ne sont pas les mêmes. Pour avoir une comparaison parfaite, il aurait fallu connaître le patrimoine en fonction des déciles du revenu disponible des ménages, ce qui n’est pas le cas en l’espèce.
Comment augmenter son patrimoine ?
Comme nous l’avons vu, ce sont les revenus non consommés qui viennent accroître le patrimoine. Ces revenus peuvent être utilisés pour acheter de l’immobilier d’usage (achat d’une résidence principale) mais aussi faire l’objet de divers placements générant eux-mêmes des revenus. A ce sujet, nous vous conseillons la lecture de notre guide de l’investisseur, à télécharger gratuitement.
Dès lors, plus votre patrimoine sera utilement employé et investi, plus ce dernier va prendre de la valeur. A contrario, mal renseigné, vous pouvez aussi commettre des erreurs se traduisant par une dévalorisation progressive de votre patrimoine.
Par exemple, les livrets bancaires et réglementées (livret A etc… ) ne permettent pas de couvrir l’inflation en 2018 de sorte que votre capital réel, placé sur un livret A à 0,7%, se déprécie de 1% par an… Pour éviter les mauvaises surprises, retrouvez ici les placements à éviter.
Dans l’extrême inverse, certains épargnants sont surexposés au risque du marché avec des avoirs financiers peu diversifiés dans des valeurs mobilières à haut risque (options binaires, CFD…). A la moindre chute des cours, ils peuvent subir d’énormes pertes. Il est particulièrement important de faire attention aux arnaques aux placements.
En fonction de votre situation patrimoniale, vous pouvez vous orienter faire des placements financiers adaptés avec un risque modéré, vous permettant de le faire fructifier, de tirer des compléments de revenus. L’assurance vie, pour sa fiscalité avantageuse, peut vous permettre de constituer un patrimoine financier prospère et fructifère.
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