L’essentiel :
- Acheter des matières premières est très spéculatif. Elles ne créent aucune valeur.
- Les matières premières ont un rendement nul voire négatif sur le long terme.
- Les matières premières ne sont pas un bon outil de couverture
Une matière première est une ressource naturelle à l’état brut, extraite de la nature et n’ayant pas (ou peu) subi de transformation. On distingue les matières premières agricoles (blé, maïs, bétail…), énergétiques (pétrole, gaz naturel, charbon…) et les métaux (or, fer, cuivre…).
Nous verrons dans cet article que les matières premières ont un rendement à long terme quasi-nul. Notamment car ces produits bruts, à la base de toute transformation, sont, par nature, improductifs.
Le fonctionnement des matières premières : un produit purement spéculatif
Tout d’abord, il est nécessaire de différencier l’investissement de la spéculation. La spéculation c’est parier sur la hausse future de votre actif, il s’agit uniquement de l’acheter puis de le revendre dans le but de réaliser un bénéfice. Un investissement quant à lui, a pour but de renouveler, moderniser ou étendre une économie en attendant une contrepartie financière pour les risques pris.
En investissant dans des actions ou des obligations, vous apportez un capital à une entreprise. Ce capital lui permet par exemple de payer ses employés, développer de nouvelles technologies ou encore d’acquérir de nouvelles machines. La raison pour laquelle cette entreprise peut vous verser une contrepartie financière pour les risques pris est qu’elle crée des richesses grâce au capital que vous lui avez confié.
En achetant des matières premières, vous faites un pari sur sa valeur future. Vous pariez que sa demande sera plus forte qu’elle ne l’est aujourd’hui, et donc que son prix sera plus élevé.
Les matières premières ont un faible rendement
Le fait que les matières premières soient des produits spéculatifs, à la base de toute transformation, est une raison de leur rendement quasi-nul. Leur improductivité ne permet pas d’attendre des revenus réguliers comme cela pourrait être le cas avec les actions ou les obligations. En prenant tout l’or qui ait été extrait par l’homme, il remplirait un cube de 20 mètres de côté. Au cours actuel de l’or, vous pourriez acheter 3 sociétés comme Apple, 5 fois Total, l’intégralité de Goldman Sachs, le PIB de l’Australie et garder 1000 milliards de dollars en cash. Ou alors vous pourriez avoir un gros cube de métal. Que choisiriez-vous ?
Comme le dit Warren Buffett “Il est beaucoup mieux d’avoir une poule qui pond continuellement des œufs qu’une poule qui se contenterait de rester assise et qui coûterait en assurance ou en stockage”.
Et pour cause, les frais annexes sont une autre raison pour laquelle le rendement à long terme des matières premières est nul :
- leur coût de stockage (particulièrement élevé pour les métaux précieux) ;
- les coûts de transports (particulièrement élevé pour les matières premières agricoles) ;
- le coût d’assurance (particulièrement élevé pour les métaux précieux également) ;
- la perte de valeur au cours du temps liée à leur péremption (particulièrement importante pour les matières premières agricoles).
Ces frais sont une perte de valeur directe de votre matière première.
Voici un graphique comparant l’évolution depuis 1970 d’un indice de matières premières et celui d’actions d’entreprises américaines. La différence de rendement est nette, le rendement de l’indice d’actions américaines est 20 fois plus important que celui des matières premières.
source : Federal Reserve Economic Data
Corrélation et volatilité
Un avantage des matières premières serait qu’elles permettent de diversifier son portefeuille mais elles apportent un risque beaucoup trop important pour un rendement quasiment nul.
Il est vrai que les matières premières sont très peu corrélées avec des actifs tels que les actions ou les obligations. C’est le cas notamment du pétrole. Attention cependant, certaines matières premières sont fortement corrélées entre elles, en particulier si elles sont substantielles (maïs/blé ou or/argent par exemple).De plus, les matières premières sont très volatiles. La volatilité dépend de nombreux facteurs mais il est intéressant de mettre en valeur les facteurs géopolitiques et météorologiques qui peuvent énormément affecter le cours d’une matière première : une révolution en Iran et le prix de votre pétrole est multiplié par 3, un été exceptionnel et le prix de votre tonne de blé perd 30%.
Un argument en faveur des matières premières serait qu’à très long terme on peut s’attendre à une hausse importante de la valeur de certaines ressources non-renouvelables (telles que le pétrole) liée à leur rareté de plus en plus grande. Cependant, l’arrivée d’un substitut fait chuter la demande de cette ressource rare, et donc son prix. Ce serait le cas avec le pétrole et les énergies renouvelables.
Les matières premières, un outil de couverture de l’inflation ?
Les matières premières sont parfois considérées comme un bon moyen de se couvrir contre l’inflation, c’est-à-dire de s’en protéger. Cependant, l’inflation est, par définition, une hausse généralisée des prix, et pas seulement des prix des matières premières. L’inflation peut avoir des causes très diverses, comme l’accroissement de la masse monétaire, ou la hausse des salaires. C’est pour cette raison que les matières premières ne sont pas le meilleur moyen de se couvrir de l’inflation.
En revanche, les entreprises savent s’adapter à l’inflation en accroissant le prix de leurs produits finaux. Cette hausse de revenu est répercutée sur le cours de l’action ou de l’obligation détenue par l’investisseur. Posséder des actions d’entreprises est donc un meilleur moyen de se protéger de l’inflation
A titre de comparaison, les rendements annuels, ajustés sur l’inflation, entre 1800 et 2013 de l’or sont en moyenne de 0,6% tandis que ceux des obligations sont de 3% et des actions de 6,7%.
L’or, une valeur refuge contre le chaos ?
Les partisans des matières premières auront tendance à rétorquer que l’or est une valeur refuge en cas de crise. En effet, le cours de l’or a tendance à augmenter en de telles périodes. Avoir de l’or dans son portefeuille peut permettre de limiter les pertes liées à une crise. Cependant, les crises sont de courte durée et le rendement moyen de votre or restera nul, 0,6% annuel contre 6,7% pour les actions, et ce, malgré toutes les crises financières depuis 1800. Le métal jaune sera peut-être une valeur refuge en cas d’effondrement du système financier mondial, cependant les lingots d’or resteront difficiles à manger, même en cas d’apocalypse.
Ce que Nalo fait pour vous
Les matières premières sont principalement des actifs de spéculation à court terme. Elles sont donc peu adaptées à l’investissement long terme, elles rendent votre portefeuille un peu plus risqué sans pour autant offrir une performance potentielle plus importante. C’est pour ces raisons que nous ne proposons pas de matières premières dans les allocations conseillées par Nalo.
Références
- Jeremy Siegel, Investir sur les actions à long terme
- Federal Reserve Economic Data
Vous souhaitez investir ?
Merci pour vos articles toujours intéressants.
Les matières premières sont volatiles et peu performantes. Mais concernant l’or, je ne partage pas votre avis, pour moi c’est un composant important dans un portefeuille.
Bonjour Antonin,
Nous avons choisi de ne pas intégrer l’or à nos portefeuilles pour deux raisons :
– c’est un investissement purement spéculatif : il ne crée aucune richesse,
– il n’apporte aucune garantie de tendance haussière à long terme.
Nous déconseillons de l’intégrer dans un portefeuille d’investissement destiné à se bâtir un patrimoine financier sur la durée.